Tandis que le soleil commençait à éclairer le parc de Blootherin, Charlotte réfléchissait. Allongée sur le ventre, ses deux mains en dessous de son oreiller de dentelle bleue affreuse, la couleur de sa maison, tout aussi affreuse, elle souriait. C’était la journée du bal, et ce soir elle serait en compagnie de monsieur Duncan McFear en personne. Et ce n’était pas rien. Duncan était le garçon le plus séduisant de tout le château, il était bien sûr de sang pur, et de quel sang ! Il était le cousin même du directeur fondateur de Blootherin : Drago Malefoy. Quant à elle, qui était-elle ? Une pauvre Muddleaf de sang mêlé, ayant un demi-frère de sang pur qu’elle enviait plus que tout et une réputation de croqueuse d’homme. Okay elle était jolie. Okay elle était préfère-en-chef. Okay, oui okay. Mais elle était quand même de sang-mêlé, une honte en soi, et quelque chose qu’elle ne pourrait jamais changé. Un poids qu’elle supporterait toute sa vie. Alors, je vous la pose la question : comment un garçon tel que Duncan McFear avait osé l’inviter ?
flash back. Traversant un couloir de sa démarche rapide et assurée, Charlotte discutait avec sa meilleure amie, j’ai nommée Samaire Penelope MacLaggen. Ces deux-là étaient amies depuis si longtemps, chacune savait les envies, peurs et appréhensions de l’autre. Et même ce qu’elles ne se disaient pas, elles le devinaient. Un exemple : le fait qu’elles soient toutes les deux attirées par le même garçon, à savoir Duncan, lui, encore et toujours. Plus tôt dans la journée, Samaire avait été invitée par Garrett, et elle avait acceptée. Mais Charlotte n’était pas sans savoir qu’elle aurait préféré le beau Duncan. Et c’était exactement à cela qu’elles pensaient à cet instant précis.
« Dis-donc Samaire, pour une fille qui s’est fait invitée par un mec comme Garrett, tu n’as pas l’air enchantée… »
« Ne dis pas de bêtises, tu sais bien que je suis contente. Garrett est quelqu’un de… euh… brillant. »
« Ouais, c’est ça. Tu as l’air de croire ce que tu dis, tiens ! »
« Ro, ça va. Et d’ailleurs, toi tu n’as même pas reçue d’invitation, à part… »
« James, Hugo, Tom, Harold, Pete, Gary, Maxime, Adrian, Charles. »
« Oui, voilà. Mais ce n’est pas vraiment un joli lot… »
Charlotte éclata de rire. En effet, elle avait eu pas mal d’invitations, mais les garçons n’étaient vraiment pas son genre de mec. Elle les aimait pur de sang, beaux garçons, ambitieux, et aux aspirations bien définies. Or…
« C’est le moins que l’on puise dire. Tom, Pete, Maxime et Adrian sont de Muddleaf, et tu sais bien que je préfèrerai passer sous un pont plutôt que de les accompagner à un bal. James est un sang pur traitre à son sang. D’ailleurs, il aurait bien porté le nom « Weasley », tiens. Hugo est le maladroit de service, du genre à piétiner les pieds de sa partenaire quand il danse. Harold… eh bien, disons que de face, il ressemble à un gobelin qui s’est prit un coup de baguette magique dans l’œil. Gary est pas mal, okay, je l’avoue, et c’est un joueur de Quidditch hors pair. Et Charles… »
« Ben c’est Charles,et aucune fille digne de ce nom sortirait avec lui. »
« Tu m’enlève les mots de la bouche ! »
« En fait, pour toi le mec idéal c’est… »
Samaire s’interrompit, voyant le garçon le plus populaire du lycée, et qui lui plaisait plus que personne, arriver de sa démarche à la fois sûre et fière. Charlotte le vit elle aussi, et sourit. Puis baissant le ton de la voix, elle chuchota :
« Lui »
Le garçon en question croisa le regard de la Muddleaf, et après avoir dit quelque chose à Garrett, qui au passage, le fit sourire, il s’approcha des deux filles. Immédiatement, les yeux de Charlotte se mirent à pétiller de malice. Comme par hasard…
« Tiens, tiens, une Muddleaf dans les couloirs… tu oses encore te montrer, malgré la… dignité de ta maison ? »
Le garçon lui adressa un sourire ironique. Elle ne broncha pas.
« Mais oui. Je sais que me montrer dans les couloirs pourrait me faire rencontrer certaines personnes plaisantes… »
« Comme moi par exemple ? »
« Ou pas. »
Devant ce flirt qui ne lui plaisait pas des masses, Samaire commençait à taper du pied, de manière légèrement agacée. Cependant, les deux jeunes gens, en pleine discussion ne remarquèrent tout simplement rien.
« Eh sinon… Charmante Muddleaf, acceptieriez-vous d’accompagner un modeste Abraxas au bal ? »
« Avec joie, Duncan. »
Satisfait, le garçon repartit de sa démarche bien à lui en direction de Garrett, qui attendait près de la porte menant à la classe de Magie Noire, alors qu’il secouait la tête positivement. Charlotte se retourna vers Samaire :
« Eh bien voilà, je l’ai mon cavalier. »
/ flash back.
Eh bien voilà, c’était comme ça qu’il l’avait invité elle, Muddleaf tremblant d’excitation à l’idée de passer la soirée avec Duncan. Même si elle ne l’avouerait, pour ainsi dire, jamais. Toute personne à droit à sa part d’intimité, n’est-ce pas ?
Abandonnant ses pensées ayant comme sujet Duncan, la jeune fille finit par se lever, jetant un regard niais aux filles avec lesquelles elle partageait sa chambre. Des Muddleaf. Minables…
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« A ce qu’il parait, elle y va avec Duncan… »
« Duncan McFear ? Le beau gosse d’Abraxas. »
« En personne. Il lui aurait demandé et elle a accepté. »
« Tu m’étonne. A sa place j’aurai fais de même. »
Charlotte, en train de se préparer, jeta un regard qui voulait tout dire à ses camarades de chambres.
« Oui, mais tu n’es pas à ma place, Jane. Avec qui tu y vas, déjà ? Ah oui, Jake le boutonneux. Quelle chance ! »
La Jane en question vira rouge cramoisi, et Charlotte ne pu s’empêcher de lui adresser un regard hautain. Ca leur apprendra à parler dans son dos, à ces pétasses. Se levant, elle observa son reflet dans le miroir. Elle avait choisit sa robe de soirée d’un blanc parfait, soulignant les fines courbes de son corps. La robe n’avait pas de bretelles, et descendait jusque les pieds de la jeune fille, qui avait décidé de porter de simples ballerines blanches et confortables. Aussi, elle portait le collier que sa mère lui avait donné, un très beau collier. Enfin, ses cheveux étaient attachés en un chignon, d’où quelques mèches brunes bouclées s’échappaient. A vrai dire, elle espérait bien impressionner Duncan. Alors, elle avait décidé de mettre le paquet.
Jetant un coup d’œil à l’horloge de la chambre, elle lit qu’il était vingt heures moins dix, soit dix minutes avant que le bal ne commence. Se tournant vers la porte, après avoir prit soin de jeter un dernier regard à son reflet, elle ne pu s’empêcher d’éclater de rire devant la robe que Jane venait d’enfiler. Elle était d’un rouge éclatant, jurant complètement avec ses cheveux d’un roux vif. Devant le regard noir que la Muddleaf lui envoya, Charlotte adressa un sourire que l’on pourrait aisément qualifier d’hypocrites et sortit de la salle commune, non sans entendre un dernier commentaire de Jane…
« Non mais pour qui elle se prend, celle-là ? »
Charlotte souriait toujours quand elle descendit l’escalier aux marches taillées dans le marbre. En bas de celui-ci elle aperçut Samaire, qui portait une magnifique robe couleur émeraude et qui, curieusement, paraissait nerveuse. Elle la rejoignit alors.
« Samaire, tu es superbe ! »
Celle-ci fit une drôle de mimique, puis finit par acquiescer d’un signe de la tête. Mais avant que Charlotte ne puisse ajouter quelque chose, Garrett arrivait déjà, alors elle décida de tout simplement les laisser, alors que Samaire paraissait toujours aussi nerveuse.
Se frayant un chemin parmi les couples aux tenues les plus extravagantes, Charlotte aperçut enfin son cavalier. Il s’approcha alors, lui fit, comme tout gentleman qui se respecte, un baisemain suivit d’un grand sourire.
« La Muddleaf est vraiment ravissante ce soir »
Elle lui adressa un sourire des plus malicieux, à son accoutumée, avant de lui répondre :
« Tu commences à en avoir l’habitude, non ? Cependant… je dois avouer que tu n’es pas mal du tout. »
Sourire à nouveau. Plus complice que le précédant. Se tenant droite devant lui, elle aperçut du coin de l’œil Lorelai Greengrass, qui adressa un regard à Duncan. Celle-là si elle s’approche d’eux ce soir, elle ne pas comprendre ce qui lui arrivera. Sourire hypocrite, et Charlotte reposa son regard sur Duncan à qui elle souriait chaleureusement. Une bonne soirée qui s’annonçait.