Tu as peur? |Edward Scott|

Le repas venait à peine de prendre fin et déjà Cheyenne déambulait dans le couloir de Blootherin. Sa longue et fine silhouette, seule dans ses couloirs qui commençaient tout doucement à tomber dans la noirceur de la nuit. Une nuit qui s’annonçait particulièrement claire à en juger par le grand soleil qui leur avait tenu compagnie toute la journée. L’atmosphère était douce. Le débardeur en lin blanc de la jeune fille flottait en fonction des courants d’airs frais qui parcouraient le couloir. Une fenêtre était ouverte, Cheyenne s’en approcha, son troublant regard à la couleur si changeante, passant du vert intense au bleu profond, voir même au gris, (suivant l’humeur il paraît) se perdit quelques instants dans le paysage qui lui faisait face. Le parc de l’école et son lac, où aimait se reposer les élèves. Ce qui en faisait un lieu particulièrement convoité, un peu trop peut être. Impossible de trouver une place un minimum isolée au beau milieu de l’après midi. Elle qui n’appréciait pas tant la surpopulation, voir tout simplement, la population tout court…

Cela faisait au moins une semaine qu’elle était arrivée, mais Cheyenne dans la bulle solitaire qui la caractérisait tant, n’avait adresser la parole à personne et cela ne la déranger pas tant que ça.. Question d’habitude. Éviter les gens, être invisible à leurs yeux, c’était la meilleure façon de pouvoir agir de la manière la plus libre qui soit.

Une occasion de profiter pleinement de la tranquillité du lac, Cheyenne sauta sur l’opportunité. Elle ferma la fenêtre, un courrant d’air plus fort que les autres fit s’envoler ses longs cheveux raides et une agréable odeur ambré et fruité s’en dégagea, une odeur légère et fraîche, parfum agréable à laquelle très peu de personne avait accès, personne n’ayant déjà était assez proche de la peau claire de la jeune fille pour pouvoir la sentir.

Cheyenne se dirigea en courrant vers le lac et en croisa pas le moindre élève en chemin. Pourtant il faisait encore très clair. Le soleil tenait tête à la lune. Qu’elle était agréable la sensation du vent sur la peau. Vent frai sur peau douce, contraste plaisant, mais faisait-il autant de bien au vent qu’il en faisait à Cheyenne? La silhouette chétive de Cheyenne s’approcha de la surface lisse et plane du lac. Parfait miroir du ciel théâtre ce soir d’une magnifique valse entre jour et nuit. Les couleurs pastelles du soleil se reflétant dans le lac comme dans une glace, non encore mieux que dans une glace. Aucun reflet n’était plus joli et simple que celui que l’on pouvait voir dans l’eau, en tout cas d’après Cheyenne. Il ne fallait pas que son reflet à elle vienne gâcher tout ça elle se releva et se retourna doucement avant de sursauter soudainement. Instinctivement et très rapidement elle sortit sa baguette de sa jupe et la pointa en direction de la silhouette qui l’avait surprise. Mauvais réflexe, un peu trop méfiante? Sûrement…

Aurais-tu peur?
…
Pas tant que ça, en plus la silhouette est allongé et ne semble pas m’avoir vu…

Alors pourquoi ta baguette est-elle toujours pointée dans sa direction? A-t-elle l’air si menaçante?
…
C’est un élève, un Muddleaf, un peu plus vieux que moi je pense et plutôt joli garçon.

La jeune fille avait toujours été très observatrice, depuis sa plus petite enfance, elle avait plus souvent observé les gens que parlé avec eux et pouvait se vanter de parvenir percevoir pas mal de trait de caractère des individus par leur simple attitude, ou façon de se tenir. Les Muddleaf, oui elle les reconnaissait assez facilement et c’était rarement trompé, ils étaient très différent des Abraxas d’après elle, mais elle les craignait plus, et pour cause c’est bien connu, c’est toujours les « gentils » qui vous surprenne avec eux on ne sait jamais à quoi s’attendre.

Son attirance pour la solitude et l’observation seule des êtres humains faisait d’elle une personne très discrète et le fait que l’élève qui se trouvait pourtant quelques mètres d’elle ne l’avait pas remarqué n’était pas très étonnant. Il était allongé dans l’herbe en train d’observer le ciel. Cheyenne s’approcha très discrètement, pas à pas, la baguette toujours tendue dans sa direction. Ça y est elle avait du rentré dans son champ de vision, le jeune garçon recula instinctivement et semblait plus que surpris. Il fait dire qu’il y avait de quoi. Cheyenne se tenait debout au dessus de lui sa baguette tendu vers lui. Elle n’avait pas l’air plus menaçante que ça, mais quand on ne s’y attend pas… la jeune fille resta silencieuse et planta son regard dans celui du jeune homme. Regard bleu qui la troubla mais elle ne baissa pas les yeux pour autant…