Smoking Sun. {Ruthy <3

Réveil matin 5h. J’me réveille comme une fleur.
Dure dure la réalité d’étudiant. Surtout quand on s’appelle Jamie Holden Salinger, qu’on vit tel un hibou. La nuit, c’est beaucoup plus attirant. Tous les mystères qui l’entourent ne font qu’accroître la curiosité des élèves les plus téméraires qui osent s’aventurer hors de leurs domaines durant les heures obscures de la journée. Jam’ était le type de mec qui aimait dormir tard, ou tôt. Tout dépend de comment on prend la chose. Il faut voir si pour vous, trois/quatre heures du matin c’est tard… Ou tôt. Enfin, il ne trouvait jamais vraiment le sommeil avant l’aurore. Chose qui était bien regrettable sachant que le réveil sonnait tous les jours à la même heure, 7h49. Le temps pour lui de se lever à toute vitesse, de s’enfiler sous la douche, de se mettre son uniforme, retrouver ses affaires dispersées dans son habituel bordel et de filer en cours, le ventre vide. M’enfin, tous n’étaient pas comme le Salinger. Et ses camarades de dortoir avaient la mauvaise habitude de synchroniser leurs réveils à des heures différentes les uns des autres. Ainsi il y avait l’intello qui foutait son réveil à 5h pour pouvoir réviser dès le matin ses cours, & réveiller une première fois Jamie. Après 5h le jeune homme avait une heure et vingt et une minutes pour se rendormir. En effet à 6h21 pétantes sonnait le deuxième réveil, et ainsi de suite jusqu’au dernier, le sien, aux alentours de 8h.
Inutile de vous dire que Môssieur-je-me-réveille-à-5h-du-mat’ & l’ancien étudiant de Beauxbâtons n’étaient pas en de très bons termes. Enfin bref. Aujourd’hui –heureusement-, c’était le week-end. Ce qui signifiait que hier soir Jamie Jam’ n’avait pas dormi du tout. Il avait traînassé dans la salle commune avec quelques potes, à raconter des conneries, jouer un peu de gratte, et boire quelques verres de rhum. Une soirée passée pépère, sans prise de tête ni rien. Tranquille quoi. Cependant l’agitation & l’ambiance des fêtes estivales manquait largement au jeune homme. C’était… Différent. L’occasion de se fumer un joint, de draguer facilement des filles aussi défoncées que lui. Et se réveiller le lendemain matin dans un endroit inconnu, auprès d’une personne inconnue, ou d’un pote bienveillant qui l’avait forcé à dormir chez lui plutôt que de le voir complètement KO sur un trottoir londonien.

Mais bon. Le tout est qu’il était remonté au dortoir aux environs de 9h du matin, s’enfilant sous la douche, laissant l’eau brûlante couler le long de son corps. Le temps de se relaxer, laisser se détendre ses muscles. Ce après quoi il s’était enfilé des vêtements propres et s’était enfoui hors de sa salle commune. Polo noir, jeans délavés troués au niveau des genoux, paquet de clope dans la poche. Vieilles converses vert pomme. Le tour est joué.
Le jeune homme passa rapidement par la grande salle. L’occasion d’avaler un bol de céréales et de se taper la discut’ avec quelques élèves qu’il n’avait pas pu voir la nuit dernière. Blootherin c’était sympa. Mais il préférait largement Beauxbâtons. Ses meilleurs amis étaient restés là-bas. Toute sa vie y était. Enfin, ses souvenirs d’enfance quoi. Mais à force de faire des conneries son père avait préféré le changer d’établissement. Quoi de mieux que Bloot’ ? Régi par le grand, le magnifique, le splendide Drago Malefoy. Ironie quand tu nous tiens. Non, sans blague. L’un de ces bahuts ou la moitié des élèves ressemblaient aux Serpentards que sa mère lui avait toujours décrits. Ces élèves dédaigneux, hautains, odieux, racistes… Enfin, ses meilleurs amis quoi. Hoho. Trop d’ironie pour une seule matinée. Franchement, il essayait de rester cool ici, mais ces imbéciles faisaient tout pour le provoquer. C’était trop simple. Sang pur qui refusait de se comporter comme un connard irrespectueux. Alors voilà, il devenait la victime de nombreuses répliques telles que « Traître à ton sang. Tu fais partie de la pire espèce de sorciers Salinger. Un jour on va tous les tuer les mecs comme toi. Et ce sera bien fait. Vous deviendrez nos domestiques et vous implorerez notre pardon. Enfoiré. ». C’était bien sympathique certains jours… Evidemment il n’avait jamais manqué à les remettre à leur place mais bon… Il se devait d’éviter les conflits inutiles. Et se battre avec des fils à papa qui n’avaient pas plus de mentalité qu’un troll, c’était un conflit inutile.
Son petit déjeuner terminé le jeune homme quitta la salle pour se diriger vers l’extérieur du château. Par un temps pareil, quoi de mieux qu’un peu de soleil ? Il fallait en profiter. Profiter de la vie et de tous ces instants merveilleux tant qu’il n’était pas pris d’une soudaine envie de se rouler un joint. Envie qui le prenait assez souvent, malheureusement. La drogue crée la dépendance. Et il haïssait être dépendant. Mais pourtant, c’était la dure réalité. Ainsi l’ancien Beauxbâtons errait dans les environs de son nouvel établissement… Enfin, nouvel… Depuis un an quoi. Un an qu’il supportait ces fils à papa. Encore un et il serait tranquille. Liberté.
Une fois assez loin de l’entrée du château, il sortir son paquet de News & s’enfila une clope aux lèvres, l’allumant d’un coup de briquet et inspirant la première bouffée de ce putain de remède. Evidemment, il errait sans but ni direction. Marchait, fumant, là où ses pas le portaient. Il faisait beau et le soleil du printemps le réchauffait. Bientôt les vacances. Les vraies fêtes… Ha. Ce serait bien. Il avait hâte. En fin de compte, s’arrêtant, il s’appuya contre un arbre, ses yeux perdus dans l’éphémère nature qui l’entourait. Une autre bouffée de la cigarette… Une voix.

« Salinger. La forêt n'est pas assez grande, non. Vraiment pas assez grande.»

Oh. Mais ce n’était nul autre que la jumelle Jensen. Oui, parce qu’outre à Eden, Jamie connaissait aussi Ruthy. Enfin… Disons qu’ils avaient eu l’occasion de se connaître lors d’une soirée londonienne. Alors, Jamie ne savait absolument pas que miss Jensen était une sorcière. Elle s’était comportée d’une manière complètement différente ce fameux soir par rapport à comment elle se comportait au quotidien, ici à Blootherin. Elle cachait bien son jeu la Ruthy. Au fond elle aimait bien s’éclater et se laisser aller hein. Sinon ils ne se seraient pas retrouvés dans cette situation, tous les deux. C’était plutôt simple à une soirée, on voit une fille plutôt pas mal, sujet à sa même envie de faire la fête –avec tout ce qui va avec-. On va vers elle, lui propose de boire un verre. On boit. On fume. On se roule un joint. Et le tour est joué. S’ensuit ce qui s’ensuit. Le matin suivant ils s’étaient réveillés dans le même lit, complètement KO tous les deux, ce après quoi ils ne s’étaient plus reparlés. Et paf sur qui il tombait à Blootherin ? Eh bah sur elle. C’en fait des coïncidences. Bon, surtout qu’au début il ne l’avait pas reconnue. Disons que c’était l’une de ses mauvaises habitudes, se retrouver chez des inconnues après une nuit agitée, et ne pas savoir leur nom ni rien. De toute façon, ce serait la première et dernière fois qu’il les verrait, alors à quoi bon chercher à les connaître ? Enfin, d’habitude il ne les voyait plus jamais. Sauf dans le cas de Ruthy. Il lui avait juste fallu un peu de temps pour se rendre compte qu’elle était la fille de ce fameux soir.
Et ils s’étaient ignorés du mieux qu’ils le pouvaient. Une Abraxas comme elle & un Muddleaf comme lui, qu’avaient-ils à faire ensemble ? Surtout que tous savaient à quel point la Jensen aimait haïr les Muddleaf. En plus, ils n’avaient strictement rien à se dire. A quoi bon revenir sur cette soirée ? Le passé est le passé. Ils n’étaient que deux jeunes qui voulaient s’amuser. Point et basta.

Au final la Jensen semblait l’haïr. Il n’en avait pas plus à foutre que ça… Mais elle était bien stupide. Après tout, ils étaient deux à avoir fait la connerie ce soir là. Donc… Enfin, ça devait être trop dur à se l’admettre pour une miss parfaite comme elle. Rah. Dire que les deux jumelles étaient si différentes. Jamie Jam’ avait déjà eu l’occasion de discutailler avec Eden. Et à vrai dire, il s’entendait plutôt bien avec elle. Evidemment ils ne se connaissaient pas plus que ça. Il est impossible de bien connaître une Jensen. Elles sont inaccessibles. Mais elle semblait sympathique, et tous deux avaient passé une soirée auprès du feu, tranquilles, loin de tous les ronfleurs de leur maison. Avec le seul son de sa gratte pour briser le silence pesant de la salle commune. Oui, le jeune homme appréciait également ces moments de bonheur simple. Lecture, discussions, un peu de musique, repos. La belle vie quoi. D’ailleurs, vivement la sortie de Blootherin. Il ferait finalement ce qu’il voudrait de sa vie. Volerait de ses propres ailes. Le bonheur absolu.

« Ca me fait aussi plaisir de te revoir Jensen. La dernière fois qu’on s’est parlés c’était quand déjà… Ah oui, à la fête. »

Petit sourire au coin des lèvres. Elle voulait se la jouer dure à cuir ? Il acceptait le défi. Enfin. N’allez pas croire que ça l’amusait de provoquer une dispute ou un truc dans le genre. Non, bien au contraire. Il aimait se la jouer pacifiste. Des fois ça dégénérait. Surtout avec la bande d’imbéciles tel que McFear et ses disciples… Mais bon, à quoi bon jouer à la gueguerre avec Jensen ? Strictement inutile.

« C’est étrange comme le monde est petit. La forêt l’est… Mais le monde encore plus. »

Pause. Qui aurait cru que Ruthy & Jamie se retrouveraient dans de telles circonstances ? A Blootherin. Sur toutes les écoles de magie qu’il y avait, ils se retrouvaient dans celle régie par Draco Malefoy. Et le simple fait que tous deux soient sorcier était une coïncidence. Encore une. C’en devenait presque louche. Terminant sa cigarette, il écrasa le mégot contre le tronc d’un arbre, puis en prit une autre du paquer. Voyant que Ruth’ avait à son tour terminé sa clope, il lui tendit le paquet ouvert, lui proposant une autre garot. Oui, parfois il était pris d’un élan de gentillesse, ou de bonté. Enfin, entre dépendants à la cigarette il faut bien s’entre aider. Après quelques secondes l’Abraxas sembla sortir de sa stupeur, attrapant la cigarette. D’un geste, le jeune homme ferma le paquet et le remit dans sa poche. De son autre main il enfila la garot entre ses lèvres, l’allumant & inspirant la première bouffée –à nouveau-, d’un air nonchalent je-m’en-foutiste…
Après quelques secondes il tourna sur lui-même, fit quelques pas et se regarda autour, avant de lâcher, dos à Ruthy.

« Alors, c’est vrai cette histoire de dragon ? Ou c’est encore une connerie inventée pour amuser la foule…. »

« Ahhh oui. La fête, hein. Quelle affreuse soirée j'ai passé la bas, tsst. Incroyable comme on croise des gens qui n'en valent pas le coup. »

« Pourquoi, le Grand Salinger aurait-il peur ? »

«T'inquiètes va'. La Grande Ruthy est la pour te protégé.»

C’était toujours sympathique de discutailler avec Ruthy. Avec elle au moins il n’y avait pas besoin de se forcer à trouver des répliques cinglantes. Non, elles venaient naturellement. Trop simple. L’ironie avait sa place. C’était pour cela que sa présence était toujours agréable. Les discussions volaient toujours très haut. Des discours très recherchés. M’enfin, tous les goûts sont dans la nature. Et avec les Abraxas, il aimait bien tenir des discussions de ce genre. Evidemment il n’était pas contre une amitié Abr’/Mudd’, mais si eux ne faisaient aucun effort, il ne voyait pas pourquoi ce serait à lui d’en faire. Bah ouais quoi. C’est cinquante cinquante. En fait, il y avait certaines personnes qu’il avait envie de connaître mieux, et d’autres qu’il aimait connaître superficiellement. C’était toujours sympa d’avoir quelqu’un à détester, quelqu’un sur qui dire plein de conneries et tout. Généralement il ne le faisait pas comme ça pour s’amuser. Mais parfois, lorsqu’il était un peu bourré –très bourré en fait-, il n’était plus conscient de ses paroles, et on lui racontait le lendemain qu’il avait déversé toute sa haine sur telle ou telle personne.
Oui parce que dans le monde on a besoin d’avoir des personnes à ne pas apprécier. On ressent ce besoin, car il faut bien avoir quelqu’un à rendre coupable de tous les torts de la terre, quelqu’un qui soit votre victime verbale. Enfin bref. Tout ça restait à prouver, mais dans la tête du Salinger, tout était trèèèès clair. Heureusement, il n’en était pas encore à là avec Ruth’ Parce que la plupart du temps, plus que de la détester, il se contentait de l’ignorer. Après tout, il n’avait rien fait de mal et n’avait donc aucune chose à se reprocher. Jensen devait penser la même chose. Alors parfait, tout le monde était content comme ça. M’en fait c’était quand même assez gênant de se retrouver comme ça face à face. Beaucoup plus simple de ne plus jamais revoir ses conquêtes d’un soir. Pourtant là ils partageaient la même école, les mêmes couloirs et tout. Et il aurait pu se ficher complètement de Ruthy s’il n’avait pas trouvé ridicule le fait qu’elle se la joue « Madame-je-suis-méchante-supérieure-aux-autres-et-tu-vas-en-baver » avec la plupart des élèves. A quoi bon se donner cette apparence devant eux, alors que lorsqu’on la rencontrait en d’autres circonstances elle se révélait être une fille plutôt drôle & sympa ? Tout ça à cause de son putain d’sang pur ? Il fallait s’assurer cette réputation de garce. Ah bah bravo l’intelligence hein. Trop malin comme petit jeu.

« Je sais. J’partage ton même avis. On est encore sur la même longueur d’onde tous les deux. Comme ce fameux soir. Etrange comment les attitudes changent… »

Clin d’œil. Sourire. Encore et toujours. Il savait que cette attitude nonchalante pourrait bien finir par énerver Ruthy à un moment ou à un autre. Et il s’en foutait. D’ailleurs, ça serait bien drôle de la voir s’énerver pour un simple sourire. On le lui avait souvent répété « Arrête avec ton putain d’sourire Salinger. ». Et à chaque fois ça n’avait fait que l’amuser encore plus. Et puis, quelle idée ! Avoir peur d’un dragon ? Après tout, tous savaient que ces bébêtes étaient totalement inoffensives. Elles ne faisaient que cracher des flammes à longueur de journée et étaient capables de vous cramer en l’espace d’une seconde et demi. Alors, pourquoi s’inquiéter ? Mais que ferait un dragon dans la clairière d’un château ? Toute personne avec un minimum d’esprit savait que la bête légendaire était des plus dangereuses, alors en foutre une aussi près de tous les élèves qui passaient leurs journées à faire des allers retours dans les alentours de l’établissement… C’était insensé ! Malfoy avait beau être un gros con, il avait tout de même un minimum de réputation à garder. Et s’il était vu comme un vieux sorcier coincé et qui voyait pas plus loin que le bout de son nez, il était tout de même censé être intelligent, rusé… Tout le tralala quoi. Du moins, c’est ce que lui avaient dit ses parents. « Si tu vas à Serpentard, tu rejoindras les plus malins… » Nianiania. Et un incident avait vite fait d’arriver avec une créature de ce genre dans la clairière. Donc niveau intelligence, si cette rumeur se révélait être fondée, Malfoy, zero.

« Hmm. J’me disais juste que ce serait regrettable que ce bahut de merde ferme à cause d’un regrettable incident avec un dragon. »

Haussement d’épaules le plus innocent du monde. Encore deux ans à passer dans cette école de bourges coincés qui se prenaient pour les maîtres du monde. Ca paraissait bien long. Encore, que certains d’entre eux se la pètent, il pouvait comprendre. Certains avaient de quoi se vanter, avec leurs familles à la lignée des plus nobles, dont les actions avaient bouleversé le monde sorcier et toussa… Mais les autres. Parce que leurs parents & leurs grands parents étaient sorciers, ils se permettaient de se croire supérieurs à bien des élèves. Ridicule. Oui, peut-être que lui aussi était un « sang pur », peut-être que sa famille avait fait des conneries dans le passé, peut-être que bien des choses, mais au moins il n’était pas là à se sentir plus beau, plus fort, plus intelligent, plus tout, que ses camarades. Ils étaient tous à un statut égal d’élèves ici. Ils étaient tous là pour apprendre, pour devenir les grands sorciers que voyaient en eux leurs parents. S’il y en avait qui s’impliquaient plus que d’autres dans leurs études, eh bien tant mieux pour eux, ça l’envoyait ravir. Il fallait l’avouer que lui se fichait pas mal d’avoir un Optimal ou un Effort exceptionnel à son devoir de potions. Parce qu’il s’était déjà fixé un objectif. Mais les autres, qu’ils se tuent au travail. Tant qu’ils ne prétendaient pas être ceux qu’ils n’étaient pas.

« La Grande Ruthy elle ferait mieux d’arrêter de dire ce genre de conneries et de se requestionner deux secondes. »

Pause. Sérieux.

« Sans blague Jensen, tu t’prends pour qui pour traiter les autres comme tu l’fais ? Un jour t’es limite sympa, et l’autre t’es qu’une garce. Tu cherches à te prouver quelque chose ou quoi ? »

Une taffe à sa clope.

x

- Oui, vraiment trèèèès regrettable. Tu sais, j'pense que tu me manquerais beaucoup. J'aurais besoin de mon petit somnifère. C'que t'es rasoir, Salinger.

-« La Grande Ruthy elle ferait mieux d’arrêter de dire ce genre de conneries et de se requestionner deux secondes.

- Ahhh... Salinger, tu connais tout de l'extérieur, et maintenant tu veux comprendre l'intérieur?

x

- Sans blague Jensen, tu t’prends pour qui pour traiter les autres comme tu l’fais ? Un jour t’es limite sympa, et l’autre t’es qu’une garce. Tu cherches à te prouver quelque chose ou quoi ?

- Et toi, pour qui tu te prends a me juger ? Tu ne connais rien de moi, rien du tout, et tu te permets ? Tu es qui au juste ? Laisse moi te dire qu'on vit pas dans un monde de Bisounours, ici. C'est pas tout rose, et on est pas tous faible comme toi, par exemple. Tu n'as aucuns droit de me juger, et je ne te permets encore moins de dire que j'ai quelque chose a me prouver. Car, crois-moi, je n'ai rien, absolument rien a me prouver. Je sais très bien qui je suis et ce que je vaux.

un peu court, sorry =/

J’ai envie de dire, Ho. Ho. Ho. Elle s’énervait la petite. Et dire qu’en une matinée comme celle-ci il avait juste eu envie de se relaxer et de se fumer sa clope tranquillou. Voilà que la compagnie de Jensen était venue bouleverser son programme. M’enfin, fallait bien des imprévus dans cette existence monotone. Et puis, mieux valait en rire qu’en pleurer. Oui, cette discussion le faisait bien rire. De toute façon peu importe le temps qu’ils passeraient à se prendre la tête, ça reviendrait au même. Au final chacun repartirait de son côté, et rien n’aurait changé dans leur esprit concernant l’autre. Chacun avec sa dignité, penserait qu’il avait raison, et puis basta. Tout le monde serait content. C’est beau la vie.
En voyant Ruthy qui s’agitait, lui arrachait sa clope des lèvres et le menaçait avec, le jeune homme ne put qu’arquer un sourcil. Eh beh. La vipère était lâchée. Qu’allait-t-elle fait maintenant ? Lui éteindre la cigarette sur sa peau ? Histoire de lui laisser une belle marque bien douloureuse ? C’était un peu sadique comme réaction. Elle avait le droit de s’emporter, mais là… Néanmoins le jeune homme en gardait son plus grand calme. Si elle espérait vraiment pouvoir lui faire peur là, elle le sous-estimait. Certes il n’aimait pas spécialement avoir plein de prises de têtes, d’ennemies et toutes ces conneries là, mais si on l’emmerdait vraiment, il ne reculait pas. Et puis, ce n’était pas une gamine comme la Jensen qui l’impressionnerait. Il avait déjà eu l’occasion de flipper pour de vrai, dans des bastons avec des groupes de mecs deux fois plus âgés que lui. Ce n’était pas elle, avec sa simple cigarette à la cendre brûlante qui allait lui faire peur. Alors non, il ne recula pas d’un pas, surtout que ce serait dur vu qu’il était coincé entre un arbre & la terrifiante Ruthy Jensen qui le menaçait avidement. Cependant, pendant un laps de secondes son sourire devint plus froid. Oh non, elle ne réussirait pas à lui envoyer sa journée en l’air. Il était parti sur de bonnes bases. Tranquille. Pépère. Relax. Cette discussion ne durerait pas éternellement. Parce que ça commençait à le saouler lui aussi. Certes il était patient, et certes il n’en avait rien à foutre d’empirer sa relation avec l’Abraxas, mais il n’avait pas envie de passer sa vie ici, dans cette putain de clairière, avec cette gamine pourrie gâtée qui se croyait tout permis.

The World is Yours. Mon cul ouais. Le monde est à tout le monde. Si Jensen s’était mise en tête d’empiéter sur l’espace vital de tous, elle ne réussirait pas avec lui.

« Si l’intérieur est aussi intéressant que l’extérieur, je ne vois pas l’utilité de le découvrir. »

Oh oui, Madame est belle. Oh oui, Madame est friquée. Oh oui, Madame a tous les mecs du bahut à ses pieds, malgré son caractère de garce. Mais bientôt tous se rendraient compte que de traîner avec Ruthy Jensen était une idée exécrable. Parce que ce genre de fille là, elles cherchent d’abord à faire copain copain avec vous, et après elles vous prennent pour votre chien. Un jour vous croyez être sa meilleure amie, et le lendemain elle vous fait le coup de bâtarde. Jensen avait une salle réputation qu’elle s’amusait à polir, mais franchement, elle n’avait pas à en être fière.

« J’te connais peut-être pas. Mais pour changer aussi simplement de comportement, j’pense que tu dois pas te connaître non plus. »

Bah oui, un jour elle était ouverte, drôle, sympa… Et l’autre… Bah elle était comme maintenant, comme la Ruthy qui se dessinait face à lui.

« Tu veux qu’on te respecte hein ? Tu veux qu’on ne te juge pas. Bah alors, apprends à respecter les autres. Apprends à respecter ceux que tu prends pour des ‘faibles’. Je suis un faible ? Si tu veux. Mais au moins, j’ai pas besoin de me comporter comme un connard avec ceux qui m’entourent pour vivre. »

Pause.
Bon. Franchement, ça commençait à l’emmerder royalement cette conversation. Okay, là elle lui répondrait au tac au tac. Et ainsi de suite. Chacun lâcherait sa réplique et au final aucun ne considérerait vraiment les paroles de l’autre. Peut-être qu’il avait envie que Jensen réalise vraiment à quel point elle était stupide de cacher sa vraie nature derrière cette fille superficiellement odieuse. Peut-être qu’il s’en foutait. A vrai dire, il se foutait surtout de le savoir. Qu’elle reste comme ça. C’était son problème. Qu’elle continue à traiter Thom’ comme son chien. Un jour ce comportement se retournerait contre elle. Mais généralement, ce genre de personnes n’écoutent jamais ce qu’on leur dit. C’est que dans les films qu’à la fin la garce devient sympa parce qu’elle a écouté les paroles du mec qui a osé se confronter à elle. Ils n’étaient pas dans un film. Non, la vie n’était pas toujours Rose, et ils étaient loin de faire partie du Monde des Bisounours. Dans leur monde, des personnes se faisaient piétiner par d’autres, des mères de familles mourraient, laissant veuf leur maris et désespérés leurs enfants. Dans leur monde la richesse n’était pas répartie également, sinon on ne parlerait plus de riches ni de pauvres, et certains se faisaient des milliards sur le dos d’innocents crevant de fin. Mais ça, ils n’y pensaient pas toujours. Et on leur en parlait tellement à la télé que c’en devenait presque banal. Il leur fallait vraiment des exemples concrets, des disputes avec des filles comme Ruthy pour s’en rendre compte. Malheureusement leur monde était égoïste. Mais il fallait faire avec. Il n’y avait ni bons, ni méchants. Seulement des personnes aux différentes facettes. Libre à chacun de décider de laquelle mettre en avant.

« Eh merde Jensen. Ca m’fait chier de m’prendre la tête avec toi. T’façon au final, t’auras toujours raison j’suppose. Les faibles s’inclinent face aux puissants. Félicitations. Bel esprit critique. »

- ALORS LA PROCHAINE FOIS NE POSE PAS DE QUESTIONS, SI TU TROUVES QUE C'EST INUTILE A DÉCOUVRIR.

- INTÉRESSANT TOUT ÇA. MAIS MERCI, J'ME CONNAIS TRÈS BIEN.

- OKAAAY. JE M'EN SOUVIENDRAIS, PROMIIIIIIS. ET HE N'AI PAS NON PLUS BESOIN DE ME COMPORTER COMME UNE CONASSE POUR VIVRE. PUISQUE EN TOUTE LOGIQUE, JE N'AI PAS BESOIN DES AUTRES. ET JE PRÉFÉRERAIS LE TERME DE SALOPE, S'IL TE PLAIT. NOUS SOMMES ENTRE PERSONNES CIVILISÉES.

- ÇA COMMENCE SEULEMENT A TE FAIRE CHIER? MOI DÈS QUE JE T'AI VU JE ME SUIS DIT QUE J'ALLAIS M'EMMERDER. DIFFICILE DE FAIRE AUTREMENT AVEC QUELQU'UN COMME TOI. OH, ET TU SUPPOSES TRÈS BIEN. VOILA UNE CHOSE QUE TU SAIS FAIRE COMME IL FAUT AU MOINS.

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